
Le développement de Prometheus, le moteur à très bas coût qui propulsera les futurs lanceurs européens, connaîtra une avancée décisive dans les prochains mois. Le 1er exemplaire M1 du moteur, en cours de finalisation, effectuera ses 1ers essais de démonstration d’ici à la fin de l’année. L’installation principale où doit se dérouler les campagnes d’essais de Prometheus est le P5. Cette installation située sur le site de Lampoldshausen du DLR, l’agence spatiale allemande, utilisée jusqu’à présent pour le moteur Vulcain, doit en effet être adaptée à la propulsion méthane. Mais sans attendre la fin des travaux, en février 2022, de 1ers essais d’allumage seront réalisés sur le plateau d’essai du démonstrateur de lanceur réutilisable Themis, sur le site ArianeGroup de Vernon. Cette phase préliminaire permettra de dérisquer la future campagne du P5 en identifiant d’éventuelles anomalies, de tester Prometheus en configuration Themis, et également d’anticiper une partie du plan d’essais prévu au P5.
L’agilité et la vitesse font partie de la philosophie de Prometheus, l’objectif a toujours été de passer les phases de test le plus rapidement possible. Puisque le moteur doit équiper Themis, il y a un vrai intérêt à utiliser la synergie avec Themis comme moyen d’essai. Cette mise à feu garantira que le concept du moteur est pertinent.
Amaya Espinosa, chef de projet Prometheus
Démontrer les performances du moteur
Le plan de travail de cette campagne d’essais en 2 temps prévoit à Vernon entre 10 et 20 allumages courts (entre 5 et 40 secondes) du moteur M1, la durée étant limitée par le volume des réservoirs existants sur Themis. En Allemagne, les essais porteront sur deux moteurs, M1 et M2, avec une durée de combustion plus longue, de 300 à 500 secondes. L’objectif sera de démontrer que ces exemplaires représentatifs du point de vue technologique répondent aux spécifications de Prometheus en termes de performance, notamment qu’ils sont réutilisables et que la poussée est modulable, c’est-à-dire capables d’équiper les lanceurs futurs européens à l’horizon 2030. « Les essais ont aussi pour fonction de démontrer la capacité à implémenter la fabrication ALM ou impression 3D sur un maximum de pièces du moteur », explique Amaya Espinosa.
A l’issue de cette première phase, le programme pourra avancer avec la fabrication de 4 moteurs supplémentaires, avant une 1ère démonstration en vol qui pourrait intervenir à l’horizon 2023.


Le saviez-vous
Prometheus est un programme de l’Agence spatiale européenne initié par le CNES. Il vise la production d’un moteur innovant à très bas coût, de l’ordre de 1 million d’euros, qui équipera les futurs lanceurs à partir des années 2030. Parmi ses spécificités, Prometheus est alimenté par une combinaison d’oxygène et de méthane liquide, et sera réutilisable jusqu’à 5 fois. La fabrication en série du moteur fera aussi appel à des technologies innovantes comme l’impression 3D.

Série Lanceurs
Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.